En 1940, Matossy est nommé peintre officiel du Ministère de l’Air et affecté aux Services des recherches aéronautiques. Mais avec la défaite, il se retire dans sa propriété en Charente jusqu’à la libération. Il n’oublie cependant pas le Prix de Madagascar et après avoir préparé ses équipements, il s’embarque à Marseille le 26 avril 1947 sur la « Ville de Reims » à destination de Tananarive, avec l’appui du Ministère de la France d’Outre-mer.
Il est cette fois, accompagné de son épouse qui est aussi son infirmière dévouée en même temps que son active intendante, car l’âge rend plus lourdes ses mutilations.
Malgré les troubles meurtriers qui venaient d’éclater à Madagascar, Matossy recherche dans l’île, pour les fixer sur ses toiles, les sites les plus sauvages et les vestiges du passé, tels les palais de la Reine Ranavalo. Il étendit même ses investigations dans les îles voisines : Nossi-Bé, La Réunion, l’Ile Maurice.
Les œuvres de ces voyages ont été exposées à Paris en 1949.
De 1951 à 1953, on retrouve Matossy en Afrique : au Sénégal, en Mauritanie, Gambie, Dahomez, Haute Volta, Côte d’Ivoire, Soudan.
En 1968, ce fut son ultime grand voyage, il est en Nouvelle Calédonie, Nouméa et ses îles. Quand on pense qu’à cette époque Matossy avait 78 ans et qu’il ne pouvait plus circuler qu’en fauteuil roulant on ne peut qu’admirer l’énergie qu’il déploya en toutes circonstances au cours de sa vie.
Et pourtant, s’il décida, dès son retour de l’océan Pacifique de se retirer en Bretagne , ce n’était pas pour se reposer, c’était pour continuer les peintures de cette région qu’il avait commencé jadis à exécuter dans le Finistère, à Locronan notamment. Cette fois, c’est à Port-Blanc, à quelques kilomètres de Paimpol, qu’il plante son chevalet pour peindre la chapelle de Notre-Dame de B.N. du 16ème siècle.
Hélas, il n’eut pas le temps de l’esquisser, pris d’un malaise subit, il s’éteindra le 25 août 1969 son domicile breton « Ker Palud » Ploubazlanec où son épouse résidait encore.
Matossy était un homme modeste, il travaillait avec acharnement sans se soucier des honneurs. A ses admirateurs qui lui reprochaient de ne pas mieux se faire connaître, il répondait que la publicité était le cadet de ses soucis. C’est pourquoi on a du mal à découvrir dans ses archives les traces de tous les honneurs qui ont pu lui être rendus au cours de sa vie. On peut toutefois ajouter qu’à ses Grands Prix de Rome, il était titulaire de la médaille d’Argent et de la médaille d’Or de la société des Artistes Français et de la Croix de Commandeur de l’œuvre du Mérite et Dévouement Français.
Au titre de la guerre, il est officier de la Légion d’Honneur, médaillé militaire, croix de guerre avec palmes, trois citations, la dernière à l’Ordre de l’Armée dans les termes suivanst : « le sous-officier Matossy a maintes fois fait preuve de courage et de sang froid. A été grièvement blessé le 6 septembre 1916 en s’élançant avec quelques grenadiers à l’attaque d’un boyau ennemi. »
La présente biographie a été rédigée par un vieil ami de Pierre Matossy, comme lui ancien combattant mutilé de la guerre 1914-18 et Président de la Fédération Nationale des Plus Grands Invalides de toutes les guerres, à la demande de Mme Matossy.
C’est à l’aide de documents contenus dans le dossier de membre participant de la fédération et aussi dans les mémoires que Matossy écrivait journellement depuis son enfance que ces lignes ont été écrites.
Georges Gauriault
Président (honoraire depuis 1973)
de la Fédération Nationale des
Plus Grands Invalides de guerre