26 mars 1915 (correspondance)

correspondance - suite -

…et depuis quelques temps l’inquiétude grandit avec le danger. Du côté de Verdun, quoiqu’en dise le  Général, la situation est périlleuse, le choc est terrible. Il faut un courage surhumain et l’espoir de revenir pour supporter pareille vie.

Et tout cela ne fait pas défaut c’est pourquoi nous tenons bon. Si vous lisez dans « le journal » l’annonce des morts héroïques aujourd’hui, vous y verrez Pierre Bouisset, fils de l’artiste qui est la cause initiale des dispositions artistiques de Pierre – tué le 1^er mars. C’était un gentil camarade d’enfance depuis l’âge de 5 ans, ils avaient été très attachés l’un à l’autre et c’était un sculpteur de talent.

Je pense que Pierre le lira puisque tous les journaux parviennent dans les tranchées, cela lui ferait trop de peine que je lui apprenne. Et cependant il s’en est inquiété souvent.

En ce moment où jour et nuit, pendant des semaines, les tranchées sont inondées de projectiles et autres, quelques lignes seulement nous disent qu’il est encore vivant, mais cela date toujours d’une semaine.

Et tout autour de nous, les deuils se multiplient.

C’est horrible, en restera-t-il un seulement.

Et hier soir, le ciel étant sans nuage, sans vent, tout Paris était prêt pour la visite des Zeppelins….